Thursday, June 28, 2012

Joe Beef

L’Ingénieur et moi avons célébré notre anniversaire de mariage en soupant chez Joe Beef, où nous n’avions jamais encore eu la chance d’aller. C’était pas mal exactement ce à quoi je m’attendais, bons comme mauvais côtés.

Tout d’abord, le décor est beau mais relativement décontracté, plus bistro sombre et intime que restaurant chic (malgré les prix), avec des banquettes en cuir et des tables en bois foncé. On y joue de la musique de style blues, country ou vieux rock (Johnny Cash, par exemple); les enfants y sont les bienvenus. L’eau est servie dans d’anciennes bouteilles de lait, et les serviettes de table sont en fait des linges à vaisselle. Le menu est écrit sur une ardoise au mur, en français, et il n’existe aucune copie papier. Je comprends que c’est le style choisi sciemment par les propriétaires, mais je trouve ça un peu maladroit, car ça oblige les clients à rester debout devant le tableau pour choisir, tout en donnant aux clients près de l’ardoise l’impression d’être dévisagés. Personnellement, je suis aussi plus à l’aise avec un menu papier qu’avec un menu sur un mur ou au-dessus d’un comptoir, sans doute parce que je suis myope. J’ai aussi trouvé les tables trop rapprochées à mon goût, non seulement parce que c’est impossible de ne pas écouter les conversations de ses voisins (sachant qu’eux écoutent la nôtre), mais en plus parce qu’il fallait littéralement déplacer la table de quatre pieds dans l’allée pour que la personne assise sur la banquette puisse sortir de là! J’imagine que c’est fait ainsi pour accommoder deux tablées de deux personnes de plus chaque soir, bien normal vu le temps qu’il faut pour avoir une réservation, mais si c’était mon restaurant, j’enlèverai une des tables sous l’ardoise.

Côté serveurs, je n’ai vraiment rien à redire. Tout le monde était poli et de bonne humeur; notre serveuse, Française bilingue, connaissait parfaitement le menu et pouvait nous donner tous les détails supplémentaires que nous désirions. Et la nourriture était excellente! J’ai commencé avec la salade du parc Vinet, dont la laitue pousse dans le jardin à l’arrière du restaurant. J’ai reçu un bol vraiment énorme, mais le contenu était tellement bon que je l’ai tout mangé! Il y avait différentes sortes de laitues, du radis en tranches très fines, des graines de tournesol, du parmesan, du basilic, et une vinaigrette acidulée juste à mon goût. L’Ingénieur a pris les Corn Flakes Eel Nuggets (croquettes d’anguille panées avec des miettes de corn flakes), servies avec trois sauces. Il en a raffolé! Heureusement, j’ai la recette dans le livre de cuisine du restaurant, alors on pourra la recréer. Comme plat principal, j’ai commandé le magret de canard, servi avec rhubarbe, pineberries, basilic et croquettes de pomme de terre; c’était tellement bon que j’ai eu de la peine de ne pas pouvoir finir les deux dernières tranches de magret, faute de place dans l’estomac. L’Ingénieur a choisi le ris de veau, servi sur polenta, et il a été absolument enchanté. Je ne peux pas me prononcer sur les fruits de mer ni sur le vin, puisque nous n’en avons pas commandé, mais toutes les critiques que j’ai entendue sont positives. Enfin, nous avons décidé de prendre un dessert : pot de crème au chocolat (et Lactaid) pour moi, marjolaine chocolat-noisette pour lui. Absolument exquis! Il est clair que les chefs savent ce qu’ils font (mais ils ne se rendent peut-être pas compte que tous leurs desserts cette semaine contiennent du lactose?)

L’Ingénieur a déclaré qu’il donnait 5 étoiles au repas, mais qu’il n’aimait pas du tout l’ambiance. J’ai voulu clarifier pour savoir si c’était vraiment l’ambiance qu’il n’aimait pas, ou plutôt le contraste de l’ambiance avec la nourriture (qui me semble plus raffinée); il a dit que c’était les deux. Quant à moi, j’aime les deux, mais le contraste me plaît moins. Après le repas, on a reçu un petit carton explicatif bilingue avec notre facture (courte biographie de Charles McKiernan, alias Joe Beef). J’ai deviné que c’était traduit par la même équipe qui a traduit le livre, c’est-à-dire mal traduit (j’en avais même fait une montée de lait). C’est d’autant plus dommage pour un établissement montréalais si réputé, dont le chef est francophone! J’ai donc laissé une petite note sur le carton pour leur en faire part, ainsi qu’une révision sommaire. Ce restaurant est donc classé dans nos bonnes adresses pour la nourriture, mais je doute malheureusement que nous y retournions. Je vous en reparlerai sans doute quand je ferai leur recette de gâteau red velvet, que j'ai bien hâte d’essayer!

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